Frankétienne  a joué sa pièce de théâtre à l'auditorium du Palais des Beaux Arts et ce fut une soirée extraordinaire!

Chants créoles, et jeux de mots, terminologies détournées du monde de la chimère nommée communication, joies et espiégleries entre deux personnages qui me rappellent vaguement Wladimir et Estragon, pourvus d'une intelligence accrue et lucide, nous donnent la chair de poule quand ils décrivent l'état de l'univers dans lequel ils évoluent.

Mélovivi ou le piège

La pièce a été écrite en 2009, et le séisme géologique, 12 janvier 2010,  semble s'annoncer par des indices verbales, un point culminant du tremblement que subit la société et des secousses qui font bouger les acteurs de la culture.

Déjà dimanche, la veille, lors d'une table ronde,  Frankétienne a lu un extrait de sa pièce  , il a conquis son public  et les paroles presque prémonitoires quant au désastre en Haïti  l'ont fait pleurer.

Son engagement tellement fort pour son pays fait qu'il refuse de parler d'espérance, ni de réstructuration ou refondation, mais il demande que l'on sorte son pays du champ de la mort .

Nommer l'indicible pense-t-il s'avère nécéssaire pour arriver à la réalisation de l'utopie.

A la fin de la représentation, l'auteur s'est adressé au public et l'a remercié chaleureusement pour l'accueil que Lille, citéphilo et les spectateurs et auditeurs lui ont fait.

Pour moi, les rencontres avec les auteurs haïtiens , avec Dany Lafferière, Yanick Lahens, Gary Victor à Vincennes lors du festival America à Vincennes  et à Lille, de plus près, avec Frankétienne et Rodney Saint Eloi resteront de grands moments exceptionnels dans ma vie de lectrice.

Garnel Innocent est le partenaire de Frankétienne sur scène, impressionnant, drôle, modeste , alerte et inoubliable